Institut Béarnais & Gascon

Antenne parisienne "DiGaM"

chez Jean Lafitte, 7-9 rue Jean Jaurès

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Association loi de 1901

          

Fontenay-aux-Roses, le 9 octobre 2003

 

Les langues d’oc, langues de France

(après les 1ères Assises nationales des langues de France à Paris, le 4 octobre 2003)

 

Par ce mémoire, Jean Lafitte, fait suite à son intervention à la table ronde finale des Assises nationales des langues de France, et à celle par laquelle le Professeur émérite Robert Lafont y a répondu.

Ce dernier est bien connu par son engagement occitaniste de plus de cinquante ans — il est né à Nîmes en 1923 —, par ses travaux de linguiste et professeur d’oc et par ses écrits littéraires.

Jean Lafitte, né à Talence en 1930, l’est beaucoup moins, sa carrière active ayant été celle d’un commissaire de l’air — administrateur et juriste dans l’armée de l’air —, passé après concours par l’École supérieure de guerre aérienne en 1973-75, puis directeur des services juridiques d’un établissement public de recherches. Mais ayant retrouvé la langue gasconne de ses pères vers l’âge de 50 ans, en particulier par le manuel Lo gascon lèu e plan de l’occitaniste Michel Grosclaude (Nancy 1926-Sauvelade 2002), il a adhéré en 1982 à l’Institut d’études occitanes, Antenne parisienne (I.E.O.-Paris), et accepté d’emblée le credo occitaniste qu’on peut résumer par le slogan des occitanistes béarnais : Béarnais, donc Gascon; Gascon, donc Occitan.

Les Gascons de Paris ne s’accommodant pas du cours d’occitan (languedocien) donné au sein de l’I.E.O.-Paris, le président de l’association a demandé à J. Lafitte d’assurer un cours de gascon à partir de la rentrée 1989, en même temps qu’il lui confiait la charge de trésorier de l’association. Le souci de répondre le mieux possible à l’attente de ses “élèves” le conduisit alors à des études approfondies de cette langue. Il s’aperçut très vite que le slogan ci-dessus n’était vrai que pour sa première partie, tandis que la seconde était contredite par tous les linguistes qui s’étaient tant soit peu penchés sur ces langues, y compris par le Pr. Pierre Bec, alors même qu’il présidait l’I.E.O., comme on le verra dans l’article annexé à ce mémoire. Il s’aperçut aussi que nombre de difficultés de la graphie classique du gascon enseignée à l’I.E.O. tenaient à une méconnaissance du gascon tant dans le passé que dans sa réalité vivante, non moins qu’au non-respect des principes mêmes énoncés par l’auteur de la « Réforme linguistique occitane », le pharmacien audois Louis Alibert (1884-1959). Il a ainsi été conduit à lancer en 1993 Ligam-DiGaM, cahiers semestriels de linguistique et lexicographie gasconnes qui en sont au n° 22 et lui ont valu l’estime des professionnels; parmi ceux-ci, le regretté Pr. Jacques Allières qui lui ouvrit discrètement les portes des cercles linguistiques parisiens et le porta sur la liste des personnes invitées à contribuer aux Mélanges en son honneur.

Mais toutes les démarches qu’il fit au sein de l’I.E.O. pour rappeler l’autonomie du gascon et remédier aux défauts de sa graphie se sont heurtées à une fin de non-recevoir, quand ce ne fut pas à des attaques peu amènes. Cela acheva de lui ouvrir les yeux sur la réalité de l’occitanisme, et le conduisit à dénoncer le danger qu’il présentait pour la survie même du gascon que ses tenants prétendaient défendre. D’où son intervention aux Assises, où l’occitan était présenté comme la langue d’oc et où les occitanistes avaient poussé l’agit-prop jusqu’à déléguer un instituteur en tee-shirt et jean pour porter un drapeau occitan sur la tribune officielle où siégeaient deux ministres de la République.

Le présent mémoire va donc développer l’argumentaire de cette intervention et la réponse que son auteur pense pouvoir faire à celle de Robert Lafont.

1 – “Occitanie”, un mot-slogan politique

Le mot Occitanie n’a jamais existé dans l’ancien roman du Midi et c’est en latin qu’Occitania apparaît au XVIIe s. dans la notice des Acta Sanctorum pour saint Afrodise, évêque de Béziers : « Occitaniâ seu Lengadociâ inferiore… » (A. S., Martii, III, col. 376.) ([1]); on voit clairement qu’il ne désigne que le Languedoc.

Il sera utilisé sur les jetons en argent frappés lors des assemblées annuelles des États du Languedoc ([2])  : le plus ancien connu, de 1634, porte CONVENTUS OCCITANIAE; dans ceux de 1762 et 1790, on abrège, COMIT. OCCIT. puis COM. OCCIT., c’est-à-dire Comitia Occitaniae.

Mais en faisant de la « langue d’oc » renommée « occitan » le lien et le trait identitaire des peuples du Midi, l’occitanisme en a nommé le territoire « Occitanie », appelée à l’autonomie, voire à l’indépendance, par rupture d’un lien « colonial » remontant au XIIIe siècle.

En témoigne cette phrase du linguiste occitaniste Patrick Sauzet, disciple de R. Lafont, en éditorial d’Institut occitan ([3]) : « C’est parce qu’il n’y a jamais eu d’Occitanie qu’il est intéressant de la faire. » Ou encore les affichettes collées sur les murs de Pau pendant l’été 1998 par le groupuscule gauchiste Anaram au patac (Nous irons à la bagarre), composante du CROC (Collectif révolutionnaire occitan) : « Aquí no es Francia, es Occitania » ou « Here it is’nt France, it is Occitania » etc.

Bien entendu, cela ne correspond en rien aux aspirations de la quasi-totalité de la population concernée… Il suffit pour s’en convaincre de voir qu’aux élections politiques, les candidats se réclamant de l’Occitanie ne dépassent que rarement 1 % des voix.

Et l’on constate que l’Occitanie n’a donné son nom à des voies ou places publiques que dans quelques villes de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées; ainsi, le minitel situe un Robert Lafont « avenue d’Occitanie » à Montpellier, mais pour faire contrepoids, sa résidence s’appelle « St Louis », roi honni par les occitanistes ([4]) pour avoir annexé l’Occitanie; on en chercherait vainement ailleurs, tout comme des enseignes commerciales qui en usent, ou du mot occitan lui-même : ces mots « ne font pas vendre » auprès des autochtones, et même ailleurs, on imagine mal que les vins de Médoc se vendent un jour comme « vins occitans » !

Mais qui le sait dans les sphères parisiennes qui usent innocemment de ce néologisme apparemment si exotique ?

 

2 – "occitan", un mot exclu de l’univers mental des Méridionaux

Le même accueil fait par les médias au mot « occitan » pour désigner les langues d’oc et les Français du Midi occulte le fait qu’il reste étranger à l’immense majorité de ces derniers; ce ne sont guère que les milieux de l’enseignement et ceux qui les approchent qui usent de ce mot, entré dans l’ordre juridique français par la loi Deixonne de 1951 ([5]).

Même en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, il n’est que très peu de personnes qui nomment « occitan » la langue autochtone, au demeurant considérée souvent comme appartenant au passé; les quelques manifestations autour de l’« occitan » passent pour du folklore aux yeux de la plupart.

Une enquête d’opinion faite en Béarn en 1995 n’avait trouvé que 8,5 % de “sondés” pour appeler « occitan » la langue d’oc du Béarn; et encore, cette réponse était, semble-t-il, privilégiée par l’organisation du questionnaire et préparée chez les jeunes et dans leurs familles par l’appellation officielle d’occitan pour la langue enseignée…

Quant à l’emploi d’« occitan » pour désigner les personnes du pays, il est quasiment exclu, au moins en dehors des deux régions déjà citées : si l’on se sent Auvergnat, Limousin, Provençal, Béarnais, Bigourdan ou Gascon (celui-ci trop souvent limité au Gers), l’« occitan » est presque toujours l’autre… Ainsi, J.-M. Sarpoulet, actuellement responsable de l’« occitan » au rectorat de Bordeaux : « si nous sommes plus Ossalois ou Aspois que Béarnais, nous sommes plus Béarnais que Gascons… (De toute façon, l’Occitan, lui, est inconnu comme point du schéma ethnique) » ([6]).

Un autre témoignage nous vient du directeur sortant de l’Institut occitan de Pau, Jordi Fernández-Cuadrench : « D’emblée, l’Institut a pâti de son estampille “occitane” […] Ce qualificatif “occitan” nous identifie souvent comme venant de l’extérieur. » ([7]). Or cet Institut promis par les politiques comme « Institut culturel béarnais et gascon », pendant de l’Institut culturel basque, a reçu ce qualificatif du fait des associations occitanistes, bien organisées et majoritaires en nombre, sinon en effectifs…

3 – “occitan, Occitanie”, outils d’une aliénation fatale pour les langues d’oc

Le corollaire de ces constatations est que l’emploi de ces mots perçus comme étrangers en fait des repoussoirs pour le commun des locuteurs de nos langues d’oc. Or ces Assises ont débuté très opportunément par la présentation par M. François Héran, de l’Institut national d’études démographiques (INED), des résultats du questionnaire linguistique annexé au dernier recensement; ils font apparaitre ce que l’on savait confusément, que la transmission naturelle des langues d’oc par la famille a presque complètement disparu. Bien des facteurs y ont contribué, certes, mais paradoxalement, l’action occitaniste en faveur de ces langues est au nombre de ces facteurs.

Cette action s’est en effet fondée sur une idéologie politique — restaurer l’« occitan » comme langue d’une « nation occitane » à libérer d’une « oppression coloniale » — au lieu de s’appuyer sur une analyse sociolinguistique de l’état de ces langues, de ses représentations chez les locuteurs et des attentes de ceux-ci.

La première erreur a donc été de substituer le nom « occitan » à celui des grandes langues d’oc qui avaient droit de cité depuis au moins le renouveau félibréen du XIXe siècle, Auvergnat, Gascon, Limousin, Provençal (alpin compris), Niçard; peu importent les raisons savantes de ce changement, il n’a pas pu passer, pas plus que la transformation des « facteurs » en « préposés (à la distribution du courrier) » ou des « préfets » en « commissaires de la République ». Il en est résulté un fossé entre la perception de ce qui se disait « occitan » et la langue vécue par les locuteurs naturels, victimes d’une véritable aliénation linguistique et ethnique.

Même Bernard Manciet a dénoncé cette aliénation, alors qu’écrivain très gascon de renommée nationale, il est présenté comme un des meilleurs auteurs « occitans » contemporains :

                            — Ce qu’il y a de pire maintenant — l’Occitanie

vis d’Archimède à vide — ils t’auront, Gascogne

abâtardie ([8]).

Quant à Roger Lapassade († octobre 1999), fondateur de l’association occitaniste de Béarn, il ouvrait son dernier recueil de poèmes par Drapèus arlats (Drapeaux mités) : dans sa vie, il a mêlé trois drapeaux pour une seule patrie; deux l’ont trompé, le sang et or (occitaniste à la Croix de Toulouse, le seul qui fut brandi aux Assises…) et le tricolore; « seul le carré béarnais en haut d’un château [la tour Moncade, de Fébus, proche de sa maison], et ses deux vaches rouges dans l’or du blé mûr, m’ont réjoui le cœur » (1994).

Mais déjà, en 1934, les intellectuels catalans avaient dénoncé avec force le danger que présentait pour leur « renaissance » l’inclusion du catalan dans un vaste « occitan » allant de Clermont-Ferrand à Elx (sud de Valence d’Espagne); ils y perdraient leur identité comme jadis par « l’emploi du nom d’Aragon pour désigner la confédération catalano-aragonaise […]. Il y aurait aujourd’hui un semblable danger si les terres de langue catalane se considéraient comme incluses sous la dénomination d’Occitanie. » ([9]).

Et a contrario, on peut apprécier le succès (relatif) de l’enseignement des langues appelées de leur vrai nom, corse, basque, breton, catalan ou alsacien…

Au demeurant, pour ne parler que de la Gascogne et du Béarn, les associations occitanistes n’affichent guère leur couleur : si Per nouste, puis Per noste (chez nous) marquait sa une de couverture par un gros I.E.O. de 1967 à 1972, l’affiliation à l’Institut d’études

occitanes s’y est faite de plus en plus discrète, alors que son titre s’est doublé d’un gros Païs gascons à partir de 1979; s’y ajoute en Béarn La Civada (l’avoine); en Bas-Adour, c’est Ací Gasconha (Ici Gascogne); en Bigorre, Nosautes de Bigòrra (nous, de B.); la maison occitane fournie par la ville de Pau est l’Ostau bearnés et la radio occitaniste est Radio País, sans plus.

 

Et le dernier numéro (267, Septembre 2003) d’une publication occitaniste modérée, Aquò d’Aquí, illustre par une carte (extrait ci-contre) un “dossier” sur un « Eurocongrès de l’espace occitano-catalan » co-présidé par R. Lafont. Il n’y a pas de commentaire, mais il est clair que le gascon y est reconnu comme distinct de l’occitan; mais pour le reste, aucun égard aux aspirations réelles des locuteurs de cet « occitan ».

 

 

4 – …aliénation aggravée par la graphie archaïsante de l’occitanisme…

Le fossé entre les locuteurs et leur langue appelée « occitan » par les intellectuels s’est encore élargi par l’adoption d’une graphie archaïsante souvent présentée comme « officielle » dans l’enseignement; moderne et représentative de la prononciation au Moyen-âge, elle est aujourd’hui complètement décalée par rapport à des langues qui, comme toutes les autres, ont vu leur phonétisme évoluer en plus de 500 ans ([10]). En 1967, quand les occitanistes béarnais affichèrent leur choix de cette graphie pour leur jeune revue Per nouste, une vieille mercière béarnaise qui avait apparemment des lettres écrivait finement : « Je ne sais pas pourquoi ceux de Per nouste écrivent en français d’aujourd’hui et non pas en latin, ou ne parlent pas comme le défunt Thuroldus » ([11]). Il en est résulté que si les intellectuels la lisent de Bayonne à Nice et de Boston à Tokyo, elle rebute la plupart des locuteurs habituels. Et il ne sert à rien d’incriminer leur « paresse » ou leur « étroitesse d’esprit » : Si l’élève n’a pas appris, c’est que le maitre n’a pas instruit… ([12]).

Mais sur ce thème, hélas, le discours pédagogique n’a pas prise, car c’est un choix idéologique délibéré, à la base de tout le mouvement occitaniste. Après Alibert et Robert Lafont lui-même ([13]), P. Sauzet a publié une sorte de manifeste, La grafia es mai que la grafia (La graphie est plus que la graphie), où l’on pouvait lire ceci (traduit de l’occitan) :

« la graphie n’est pas, contrairement à ce que pensent certains, indépendante de l’entreprise totale de normalisation linguistique. / J’insiste donc sur la thèse suivante : la graphie occitane s’intègre à un projet global de normalisation linguistique. » ([14]).

D’où la réflexion d’un haut fonctionnaire en charge de ces problèmes, il y a quatre ou cinq ans : « J’ai l’impression que le jacobinisme est descendu dans le Midi ».

Et face aux perspectives de décentralisation, pourtant logiques pour des langues « régionales », l’I.E.O. fait aujourd’hui pression pour que soit créée une « autorité linguistique occitane » interrégionale ([15]) où il entend assurer la majorité aux occitanistes : sur 50 membres, 10 seraient nommés par l’I.E.O., 6 par des organisations satellites, et 18 par l’enseignement, largement acquis à ses thèses (de gré… ou de force, dans un monde très hiérarchisé). Et l’on voit le mépris des pères de ce projet à l’égard des locuteurs : aucune représentation des associations de locuteurs n’est prévue autrement que par 8 représentants des conseils régionaux, un par région !

Sur le fond même, la messe est déjà dite : « La graphie est la graphie de l’I.E.O. et ce principe ne peut être remis en cause » (15), avec à la clé… celle du coffre-fort : prenant prétexte de son statut d’utilité publique accordé en 1946 sur la base de statuts qui ne sont plus appliqués, l’I.E.O. compte que « les choses soient facilitées au niveau de la recherche de financement, et parce que l’I.E.O. joue un rôle fédérateur dans l’occitanisme. » (15).Donc, hors de l’occitanisme, point de salut.

5 – … et par les choix de langue des occitanistes

L’archaïsme occitaniste n’est pas seulement graphique, on s’en doute. Pour s’éloigner plus sûrement du français, voire de la langue vivante, les auteurs et enseignants occitanistes rétablissent des formes ou même des mots anciens disparus et incompris; pour les formes, par exemple, particular pour particuliè, avec même un féminin particulara qui n’a jamais existé, le mot étant épicène dans l’ancienne langue comme aujourd’hui en espagnol ou en catalan; pour les mots, par exemple, conilh pour lapin; on nous a même rapporté qu’un inspecteur aurait semoncé un instituteur provençal qui usait de lapin; pourtant, conilh est totalement inconnu de la région. Mais qui inspecte les inspecteurs ?

6 – … malgré les règlements de l’enseignement et la sociolinguistique

Pourtant, ces pratiques vont directement à l’encontre des règlements de l’Éducation nationale les plus explicites, qui s’attachent au parler local ([16]) :

« Chaque fois qu’une langue est pratiquée sous forme de dialectes différenciés, c’est le dialecte correspondant au lieu où l’enseignement est dispensé et la graphie la plus appropriée à ce dialecte qui seront utilisés. » (Circulaire “Haby” n° 76-123 du 29 mars 1976).

Dans les lycées, l’enseignement « visera, au premier chef, à une compréhension et une pratique correctes de la langue vivante sous sa forme usuelle locale. » (Arrêté ministériel du 15 avril 1988, J.O. du 30 et B.O.-E.N. pour les annexes).

Dans les collèges, l’enseignement doit « mettre les élèves à même de comprendre, parler, lire et écrire à un niveau simple la langue authentique de la communauté qui la pratique » (Circulaire “ Darcos” du 12 avril 1995).

Et dans le même sens, ce que le Pr. J.-B. Marcellesi proposait de retenir de L’histoire sociolinguistique de la France : sens et contre-sens ([17]) :

« La tentation est grande en effet, sous le poids considérable de l’idéologie, de croire que le salut de leur langue passe par l’acquisition de ces qualités supposées (éternité, unité, norme, pureté) comme on a pensé que les nouveaux États devaient adopter des politiques centralisatrices. Or il s’agit là d’impasses. L’acharnement à atteindre ces objectifs les empêche de commencer à imposer et à vivre leur reconnaissance. Telles qu’elles sont. Telles qu’elles deviennent. Et elles n’ont pas besoin pour cela de se mettre un carcan qui n’a servi, en France, qu’à consumer du temps à l’école, aux dépens d’activités plus profitables, parmi lesquelles, entre autres, l’acquisition de l’expression. […] que les langues vivent leur polynomie ! »

On aura vite compris que le « carcan », c’est la graphie étonnamment élitiste imposée par des gens qui ne cachent pas leur « sensibilité de gauche », mais se comportent comme la jeune Académie française citée par Nina Catach ([18]) : « La Compagnie déclare qu’elle désire suivre l’ancienne orthographe qui distingue les gens de lettres d’avec les ignorans et les simples femmes… ». Et N. Catach de rappeler que « Les femmes avaient rarement droit au latin. »

Si l’on ajoute à l’archaïsme pédant le fait que les jeunes enseignants qui n’ont appris la langue qu’en faculté la prononcent comme ils peuvent, souvent bien loin de la prononciation encore vivante, le résultat est que les parents ou grands-parents ne peuvent dialoguer avec les jeunes formés par ces maîtres ! Mais un occitaniste aujourd’hui haut placé dans la hiérarchie ministérielle n’a-t-il pas déclaré ([19]) : « On n’est pas là pour enseigner le patois, le patois est mort, c’est l’occitan qui reste » ?

Alors, finalement, les gens simples continuent à avoir honte de leur langue qui n’est pas celle que reconnaissent les « grosses têtes » de l’éducation, et renoncent à la transmettre… Or une langue qui n’est plus parlée en famille est une langue morte.

Le remède ? appliquer les textes de l’Éducation nationale dans leur esprit, au plus près de « la communauté qui pratique » la langue, renoncer à la graphie archaïque qui la coupe de l’écrit, rendre cette communauté fière de ce qu’elle sait et la presser de le transmettre sans crainte, car c’est en elle que sont « les meilleurs professeurs », comme l’écrivit le regretté Michel Grosclaude. Sans eux, jamais l’École ne pourra faire revivre une langue morte.

Et pour finir, venons-en aux…

7 – Réponses à Robert Lafont

Est-ce le voisinage de l’antique et prestigieuse faculté de médecine de Montpellier ? Toujours est-il que Robert Lafont parait enclin à médicaliser ses jugements linguistiques; ainsi, en 1996, l’intérêt porté par J. Lafitte aux problèmes de graphie était « un lieu d’investissement de la libido » ([20]); samedi, les aspirations des non-languedociens à l’autonomie linguistique relevait de l’hystérie. Soit. Mais il parait plus sérieux de rester dans la linguistique et la sociolinguistique.

En premier lieu, R. Lafont a ironisé sur cette fameuse hystérie qui lui rappelait des querelles vieilles de plus de 50 ans et oubliées depuis. Se serait-il trompé depuis 50 ans en croyant que le gascon était un dialecte de l’occitan, et que Bernadette de Lourdes par­lait occitan ? Heureux homme qui estime ne s’être jamais trompé et en prend le monde à témoin ! Au demeurant, les foules d’occitanistes sont là pour lui donner raison.

Pourtant, les cahiers Ligam-DiGaM de J. Lafitte comptent deux articles qui montrent que R. Lafont reste un humain et se trompe parfois.

Le premier, Robèrt Lafont e la lenga gascona ([21]) est traduit en français et annexé au présent mémoire. Il signale d’abord deux faux-pas linguistiques dans des écrits de cet auteur sur le gascon (dont le premier fut réparé dans une réédition), et montre surtout que malgré une vision assez floue de la place du gascon par rapport à l’occitan, R. Lafont l’oppose explicitement par deux fois à l’« ensemble occitan »; en aurait-il perdu le souvenir ? et quand s’est-il trompé ? en écrivant cela ou en enfermant le gascon dans l’occitan ?

Le second article est un complément d’étude du phonème [w] intervocalique en gascon, dans le n° 22 de paru à la veille des Assises. Un paragraphe montre encore deux erreurs de R. Lafont sur ce sujet : contradiction avec les écrits de son collègue P. Bec et avec les données de l’Atlas linguistique et, sur la graphie, ignorance des normes officielles de l’I.E.O. pour la notation possible par -u- de ce phonème).

Sur le nombre des occitanistes, outre le peu de voix qu’ils donnent aux élections, on constate le mal qu’ont les institutions pour se trouver des dirigeants autochtones : il fallut aller en Espagne pour trouver le premier directeur de l’Institut occitan de Pau, l’actuel président de l’I.E.O., élevé en Béarn, certes, est né à Tours de père Lorrain et de mère Tourangelle, et celui de l’Escole Gastoû Febus (fondée en Béarn 1896 !) est un « pied-noir » arrivé enfant en Béarn ([22]). Même les postes d’enseignants d’« occitan » payés par la République ont du mal à être pourvus : pour le rectorat de Bordeaux, un sur trois n’a pu l’être à la dernière rentrée et M. Jean-Michel Eple, inspecteur d’académie, soulignait récemment « la crise de vocation » ([23]).

Qu’en pense R. Lafont, qui voyait dans les « bâtards » ([24]) comme les Monténégrins Karadzic et Milosevic, l’Autrichien Hitler, le Galicien Franco ou le Breton Le Pen, voire les « Occitans » Chirac et Juppé, des gens qui prennent leur revanche en s’affirmant plus nationalistes que les autochtones ?

Mais peut-être encore plus topique est la variabilité de son discours sur les langues. C’est ainsi qu’il a écrit récemment ([25]:

« […] le linguiste doit toujours s’incliner devant le sociolinguiste, et celui-ci devant la décision des usagers. Le slovaque serait du tchèque si les Slovaques n’en avaient pas décidé autrement. »

Dès lors, comment peut-il refuser aux « usagers » de l’auvergnat, du gascon, du provençal ou de toute autre langue d’oc de décider du nom de leur langue et de la façon de la parler et de l’écrire ?

En réalité, comme occitaniste, il relève de ce qu’a encore écrit J.-B. Marcellesi :

« Pourquoi enseigner les langues régionales ? […] La troisième motivation est nationalitariste (pour éviter l’ambiguïté de nationaliste). Suivant Herder et Humboldt, à la manière du romantisme allemand, on établit l’équation un peuple = une langue, et réciproquement. Selon cette orientation qui reproduit au niveau de la langue régionale la conception unifiante (Marcellesi et Gardin, p. 84), il faut minimiser les écarts, généraliser les systèmes sans variations et continuer la tradition. D’où une conception de l’enseignement de la langue dont personne ne voudrait plus pour le français […]. Mais la motivation nationalitariste trouve en elle-même sa négation : fondée sur le droit à la différence elle a tôt fait de refuser là différence et se trouve ainsi en contradiction avec la motivation sociolinguistique dont elle paraissait pourtant proche au départ. »

On comprend que les minorisés d’oc n’entendent pas se laisser dicter leur langue par R. Lafont et ses amis. Mais la députée guyanaise présente aux Assises n’a-t-elle pas dit que le créole enfin reconnu écrasait à son tour les langues indiennes autochtones ?… Et pour rappeler la Bible que citait M. Cerquiglini en ouvrant la Table ronde finale (de Babel à Pentecôte…), R. Lafont est dans la situation du serviteur d’un roi qui venait d’obtenir l’annulation d’une dette de mille talents et qui prenait à la gorge un compagnon qui lui devait cent deniers, et lui refusait le moindre délai… (Mt. 18, 23-35). On ose espérer que la République aura le même souci de justice que le roi de la parabole !

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          J. L.

 

 


 

ANNEXE

Robert Lafont et la langue gasconne

par Jean Lafitte

(version française d’un article gascon de Ligam-DiGaM n° 17 d’avril 2001)

Du Professeur Robert Lafont, le public d’oc qui en a entendu parler retient surtout ses prises de position occitanistes ou la mésaventure qui l’empêcha à un moment donné de se présenter à l’élection du Président de la République. C’est dommage, en raison de la qualité de ses écrits d’universitaire.

Nous autres, Gascons, nous lui devons des études très précieuses sur les poètes de la renaissance, d’abord gasconne puis occitane, du XVIe siècle et du début du suivant. En particulier, il a étudié avec une sympathie évidente notre premier poète connu, Pey de Garros.

Citons entre autres celles que nous avons pu approcher :

Petite anthologie de la renaissance toulousaine de 1610, Aubanel, 1960;

La vision du gascon écrit chez Pey de Garros, in Colloque sur Pey de Garros et son temps, Annales de l’I.E.O., 1968;

Renaissance du Sud - Essai sur la littérature occitane au temps de Henri IV, NRF, Gallimard, 1970.

– avec Christian Anatole, Nouvelle histoire de la littérature occitane, P.U.F., 1971, deux tomes;

Anthologie des baroques occitans, Aubanel, 1974.

Et, bien sûr, dans sa vision occitaniste, il n’oublie pas le gascon dans deux petits livres pédagogiques sur l’occitan :

l’ortografie occitane - sos principis, C.R.D.P. Montpellier, 1971, 1983.

Éléments de phonétique de l’occitan, Vent Terral, 1983.

C’est précisément sur la tension entre la rigueur scientifique qui mène l’universitaire et la passion militante qui anime l’homme que nous voudrions jeter un coup d’œil dans cet article. Nous le verrons dans deux faux-pas “techniques” de l’auteur et dans l’ambiguïté de le sa vision du gascon.

1 - Deux faux-pas “techniques”

Le premier apparaît dans la Petite anthologie de 1960. Mais d’abord, disons quelques mots de cet intéressant opuscule. Il se limite en fait à trois auteurs, les Gascons Bertrand Larade et Guilhem Ader (pp. 27-63, soit 37 pages) et le Toulousain Pierre Goudouly (pp. 65-107, soit 43 pages). De plus, comme le gascon « est un dialecte occitan d’une grande originalité » (p. 109), une Note sur le gascon (109-110) donne quelques clés pour permettre aux « non-gascons de retrouver sous les mots gascons les formes occitanes générales »; et le lexique (p. 113-122) signale par un G. les mots spécifiquement gascons, soit 94 sur un total de 639; mais en réalité, s’y ajoutent 17 mots commençant par h- (un seul est noté avec G.) et au moins *peiravath, soit un total de 112 mots réputés spécifiquement gascons, les 17,5 % du tout.

C’est justement ce *peiravath qui nous surprit de le part d’un professeur des mieux renseignés sur le gascon. Il se trouve dans le premier extrait d’Ader, p. 48 :

S’avetz au mièi d’estiu tot d’un còp entenut

Un eslavaç bronent, ua tempèsta, un perigle

D’eslambrècs alugats, d’un tronament terrible,

Que tot s’esclata e hén, s’atuca, peiravath,

Que la terra e le ceu s’ajustan au combat […]

(Gentilòme gascon, I, v. 628 à 632)

Le mot termine une suite de verbes à la 3ème pers. de l’indicatif présent : esclata, hén, atuca; or, R. Lafont le traduit par un substantif « chute de grêle », au prix d’une anacoluthe. Mais si nous regardons le texte original (au moins d’après l’édition “savante” d’A. Jeanroy reproduite dans l’Anthologie de la Poésie occitane d’A. Berry, 1961), nous lisons :

Que tout s’esclate é hen, s’atuque, peirabat…

où le mot est parfaitement intelligible (cf. Lespy « PÈYREBATE, Pèyrabate, frapper de grêle […] — grêler […] »). Pourquoi donc aller chercher cette graphie compliquée qui supposerait un verbe latin *vallere et un gascon *vàrer (cf. tollere > tòrer, 3au pers. que tòth) et qui fourvoie le lecteur ?

Notre auteur s’en aperçut pourtant puisqu’il corrigea la pièce dans l’Anthologie de 1974, p. 126 : il revient au pèirabat d’origine et le traduit correctement « il grêle ».

L’autre faux-pas, lui est arrivé avec Ch. Anatole dans la Nouvelle histoire… L’écrit de Navarrot, A ! maudit sie l’auserè / Qui de toun nid lous te tirè (Lespy, v° AUSERÈ) est ainsi défiguré (t. II, p. 523) :

A ! maudit sie l’autsethèr [sic] (etc.).

Dans la même page, les auteurs citaient un autre vers où l’on parlait d’ausèth, et entre le gascon authentique auserèr et l’occitan aucelaire (Alibert), leurs cerveaux occitans ont inventé ce monstre *ausethèr (nous éliminons le premier -t-, venu probablement d’une faute d’impression échappée à la relecture); le tout, avec le prestige de leurs titres universitaires et le sceau de garantie des Presses universitaires de France

Et pourtant, l’année précédente, Robert Darrigrand avait publié chez Aubanel Xavièr Navarròt, Tèxtes causits, avec un authentique auserèr (p. 36)…

Tout cela, pour dire que comme Alibert lui-même, les Occitans n’ont en général du gascon qu’une connaissance extérieure et livresque; mais au lieu d’en être conscients et de ne s’avancer sur le terrain gascon qu’avec la prudence des démineurs, ils pensent que tout ce qu’ils savent de l’occitan vaut pour le gascon, en raison du postulat que le gascon n’est qu’une variété d’occitan.

2 - Comment R. Lafont voit le gascon

Il serait injuste pourtant de dénier à R. Lafont la conscience, au moins floue, de la singularité du gascon, difficile à intégrer dans l’occitan, comme l’écrivit P. Bec dans son fameux rapport de 1972 :

Avec le gascon, « il s’agit là, on le sait, d’un autre diasystème difficilement réductible aux structures d’ensemble de l’occitan; en fait d’une langue très proche, certes, mais spécifique (et ce dès les origines), au moins autant que le catalan. » (Annales de l’I.E.O., 1972, p. 47; traduit de l’occitan).

Non seulement R. Lafont ne protesta jamais contre cette affirmation, alors qu’un rapport de lui figurait dans le même numéro des Annales, mais encore il a souvent cité les deux Manuels de P. Bec. Par exemple, dans les Éléments de phonétique, p. 6 :

« Nous ne pensons certes pas remplacer les ouvrages fondamentaux de P. Bec, le Manuel pratique de philologie romane, pour deux chapitres (l’occitan, le gascon) du tome I […] et le Manuel pratique d’occitan moderne…»

Il ne bronche pas en énumérant ces deux chapitres distincts du premier manuel, et ne fait aucune restriction sur la reprise en français, dans le second, de le phrase clé du rapport de 1972 que nous venons de citer.

Et même, il lui arrive de reconnaître dans le gascon une vraie langue :

• dans l’Anthologie de 1974 : « À l’exception de Jean de Nostredame […] et surtout de Pey de Garros qui a réfléchi d’une façon remarquable aux problèmes d’une langue gasconne moderne…» (p. 286);

• dans les Éléments de phonétique, il traite par principe le gascon comme un dialecte de l’occitan[26], mais il le mentionne quelque 35 fois comme s’écartant de la règle générale, alors que les autres parlers d’oc ne sont ainsi mentionnés que de 23 (provençal) a 5 fois (gévaudanais, carcinol, rouergat); par deux fois, il va jusqu’à opposer explicitement le gascon à l’« ensemble occitan », ce qui, si le français a un sens, place le gascon en dehors de cet « ensemble » :

« /w/ pour le gascon, /w/ pour l’ensemble occitan sont apparus aussi dans et . » (p. 39);

« Le phonème /gw/ conservé en gascon devant a : guarir, ou même e, güeitar, « regarder », est réduit à g dans l’ensemble occitan : garir, gaitar. » (pp. 53-54).

Nous remarquons d’autre part qu’il cite trois fois le catalan, tout comme il peut citer l’italien ou le castillan, mais sans vouloir le moins du monde l’intégrer à l’occitan : la vision d’un grand espace occitano-catalan est laissée aux linguistes qui admettent comme P. Bec que le gascon y a une place au moins aussi distincte que celle du catalan. R. Lafont ne veut pas de disputes avec les Catalans, qui sont un trop gros morceau pour la faim occitane. Les Gascons, qui ont oublié leur fierté d’autrefois, seraient-ils une proie facile à avaler dans une Occitanie qui ne regarde que son nombril méditerranéen ?

 



[1] Henri Barthés, Études historiques sur la “Langue occitane”, 1987, p. 38.

[2] Yves Gourgaud, Lo Lugarn, organe du Parti nationaliste occitan, P.N.O., Printemps 2003, p. 4.

[3] Bulletin de l’Institut occitan créé à Pau en 1996, n° 11, Octobre 1998.

[4] Cf. Borzeix Daniel, Pautal René et Serbat Jacques, Louis IX alias Saint-Louis et l’Occitanie, Treignac, 1983.

[5] Mais disparu de cet ordre juridique lors de l’institution du Code de l’éducation le 15 juin 2000.

[6] Amiras n° 20, 1989, p. 52; cette revue aujourd’hui disparue avait R. Lafont pour directeur.

[7] Interview dans Sud-Ouest du 8 août 2003.

[8] L’Enterrament a Sabres, 1989, p. 48.

[9] “Un Manifest - Desviacions en els conceptes de llengua i de Pàtria”, OC, Revista de la Renaissença dels Païses d’Oc, Auvernha, Gasconha, Lemosin, Lengadòc, Provença, Catalonha, Valencia, Balearas, n° 16-17 de Genier-Abril 1934.

[10] Le mot archaïsante est du Pr. Henri Gavel, alors Président d’honneur de la Société d’Études Occitanes, ancêtre de l’Institut d’Études Occitanes (Recommandations concernant la Graphie à utiliser pour l’Enseignement facultatif de la Langue d’oc, Toulouse, 1942, passim, 11 occurrences).

[11] Marguerite Lafore, Per Nouste n° 2 - Octobre 1967, p. 23 - Courrier des lecteurs.

[12] Par exemple, pour Alibert, La Réforme linguistique occitane et l’enseignement de la langue d’oc, Document de l’Institut d’études occitanes, 1950; et pour R. Lafont, L’ortografia occitana - Sos principis, 1971, p. 40.

[13] Premier axiome du programme de Traning within industry mis au point par les Américains en vue des reconversions professionnelles massives exigées par l’effort de guerre de 1942 à 1945.

[14] Amiras n° 21 de juillet 1990, p. 39.

[15] Occitans ! cahier spécial du n° 110, mars-avril 2003, p. 8.

[16] Même chose en gascon, comme l’atteste l’Atlas linguistique de la Gascogne, III, 1081, ce qui a donné à Michel Gros­claude l’occasion de faire amende honorable pour avoir préconisé jadis le mot conilh (Per Noste-Païs gascons n° 203 - Mars-Avril 2001, p. 6)

[17] Marcellesi Jean-Baptiste, in Symposium linguistique franco-algérien, Studii Corsi Edition, Bastia, 1994, 124-141; repris comme chapitre 8 de Jean-Baptiste Marcellesi en collaboration avec Thierry Bulot et Philippe Blanchet, Sociolinguistique - Épistémologie, Langues régionales, Polynomie, Paris, L’Harmattan 2003.

[18] Cahiers de Mézeray, chargé par l’Académie de déterminer les règles d’orthographe à suivre dans le Dictionnaire, in Nina Catach, L’orthographe, Que sais-je ? n° 685, p. 32.

[19] “Les enfants bilingues sont meilleurs”, interview de M. Jean Salles-Loustau par Véronique Meynard, L’Éclair du 15 mars 1995.

[20] Oc n° 41 d’octobre 1996, p. 46.

[21] Ligam-DiGaM n° 17 d’avril 2001, pp. 37-39.

[22] Sauf erreur, pour la Gascogne et le Béarn, ce sympathique Pied-noir et le président de l’I.E.O. étaient aux Assises les seuls représentants du courant occitaniste, alors que l’Institut béarnais et gascon, qui ne reçoit encore aucune subvention, en comptait quatre et que le Conservatoire du Patrimoine de Gascogne, pas davantage subventionné, était représenté par son président; s’y ajoutaient deux « politiques », le Conseiller régional René Ricarrère et… le Minsitre lui-même Jean-Jacques Aillagon, qui a rappelé que Béarnais par son père, il avait jadis chanté Bèth cèu de Pau et le cantique à N.-D. de Sarrance en Vallée d’Aspe.

[23] L’Éclair du 25 septembre 2003.

[24] “Los bastards”, éditorial de La Setmana n° 13 du 17 août 1995.

[25] “Ma langue à couper”, Septimanie n° 5, octobre 2000, p. 6.

[26] Opinion réfutée, voire ridiculisée, par J.-P. Chambon et Y. Greub : "Note sur l'âge du (proto)gascon", Revue de linguistique romane, tome 66, n° 263-264, pp. 473-495, et spécialement p. 490.